dimanche 26 mars 2023

Pegasus ou la face cachée des "Leaks"

 





Le 18 juillet 2021 « Le Monde » et seize autres rédactions rapportent que 50 000 numéros de téléphone ont été « potentiellement ciblés » par Pegasus, logiciel espion de la société israélienne NSO, pour le compte d’une dizaine d’Etats. Ce sont les failles de ce dossier, « partagé » avec les médias par deux ONG, Amnesty International et Forbidden stories, que pointe le journaliste suisse Alain Jourdan dans son ouvrage « Pegasus , les dessous d’une guerre de l’information » (Le Cherche midi).

Les deux ONG, accuse-t-il, « ont préféré l’effet de loupe à la vérité » Pourquoi n’évoquer que NSO, alors le logiciel Pegasus « n’est pas unique en son genre », et pourquoi n’incriminer aucun Etat occidental hormis la Hongrie alors que comme le révélera le Parlement européen en 2022, pas moins 12 Etats membres de l’Union européenne utilisent le logiciel ? De même « très peu de noms de ressortissants américains ont paru » dans les « Panama Papers » et les enquêtes sur les paradis fiscaux « ont largement fait l’impasse sur le Delaware ».

Alors qu’enquêter est une affaire «de très longue haleine », dans le cas des « Leaks » « il pleut des trombes de gigas » « sur la tête de journalistes sélectionnés, qui n’avaient pourtant rien demandé » et qui « n’ont aucun moyen de vérifier les milliers de documents qu’ils reçoivent». Les journalistes paraissent portés à penser que si une ONG est « du bon côté » ce qu’elle dit « peut être pris pour argent comptant ».

Or dans l’affaire Pegasus, des numéros de téléphone fixe sont inclus dans la liste des cibles alors que le logiciel n’infecte que les téléphones mobiles. Des experts relèvent par ailleurs que « ce n’est pas nécessairement parce qu’un numéro a été inclus qu’il a été compromis , qu'infecter des dizaines de milliers de numéros aurait « un coût faramineux » et que cela reviendrait à « se noyer dans un gigantesque flux de données » .

Dans cette affaire, les « révélations » faites à la presse en 2021 « font figure d’épilogue » d’un combat engagé depuis 2017 par plusieurs ONG américaines contre NSO, des ONG dont les dirigeants ont par ailleurs pu passer par les agences gouvernementales américaines et les cabinets d’avocats.
 
Avec « des rédactions réduites au rôle de diffuseurs », les cabinets d’influence « sont surs d’inonder tous les médias » en alimentant « un seul canal », dénonce Alain Jourdan : elles n’ont même plus à « entretenir un réseau de contacts dans chaque rédaction ».

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